Au EYE Film Institute d'Amsterdam
Susan Picken
En seulement quelques années, l’Institut du film EYE s’est imposé comme un des établissements culturels les plus importants dans le monde. Centre ultra-moderne devenu un lieu emblématique d’Amsterdam, le EYE représente un niveau d’engagement pour le cinéma de la part du gouvernement que d’autres pays ne peuvent qu’envier. Une visite au EYE était sur ma To Do List depuis longtemps, donc j’ai profité du programme Next/Change pour y aller.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore visité, EYE se situe en face de la gare centrale d’Amsterdam, de l'autre côté du port, une navette régulière faisant la liaison entre les deux quais. Prendre le bateau pour y accéder apporte déjà son effet à la visite. Le bâtiment est impressionnant, et cette impression croît à mesure que le bateau s’approche. Situé dans une zone anciennement industrielle, le EYE a joué un rôle central dans la régénération de cette partie de la ville qui abonde maintenant de bars, de restaurants et d'une nouvelle Université d’Arts.
Un projet pour Belfast
J’étais, bien sûr, très curieuse et très impatiente de visiter EYE, dans le cadre de cette mission visant à m’informer pour le développement d’un projet majeur pour l’Irlande du Nord: un nouveau centre spécialisé, un Institut du Film à Belfast.
La possibilité de construire un institut du film à Belfast est depuis longtemps une ambition de la ville. Depuis plusieurs années, le QFT à Belfast (Queen’s Film Theatre) est le seul cinéma art et essai en Irlande du Nord, mais le bâtiment dans lequel le QFT se situe a de nombreux inconvénients en termes de nombre d’écrans, d'espace et de ressources, ce qui limite sa programmation, le développement des programmes d’éducation à l’image et le travail pour attirer de nouveaux publics.
Ces dernières années, poussé par le succès grandissant de la production cinéma et audiovisuelle de l'Irlande du Nord (HUNGER, GAMES OF THRONES, etc), l’idée d’un nouvel institut du film a pris de l'importance. Nous envisageons un cinéma multi-écrans avec de la place pour l’éducation à l’image, des archives et une galerie d’exposition, un endroit qui appartiendra à la communauté, une « maison » pour tous les événements liés au cinéma à Belfast: festivals de films, événements pour l’industrie et les talents émergents.
Le EYE est un modèle
Tandis qu’à Belfast nous sommes au tout début du développement de cet institut, je crois que nous avons beaucoup à apprendre du EYE, de l’histoire de ce bâtiment et de l’expérience des personnes qui y travaillent. L'objectif principal de ma visite était ainsi d'en savoir plus sur son histoire, comment le bâtiment et l’organisation ont été développés, son fonctionnement, les défis et enseignements qui en ont été tirés.
J'ai d'abord été en contact avec Mila Schlingemann, directrice de la programmation. Au-delà de son point de vue sur la programmation, Mila a été d’une immense aide et très généreuse de son temps. Elle m'a permis de prendre rendez-vous avec l’équipe dont Frank Roumen, responsable des archives; Stan Spijkerman, responsable financier; Michiel de Rooij, responsable de la stratégie et Marjilijn Bronkhuyzen, responsable de la communication et du marketing.
J’ai passé 3 jours à EYE et pendant cette visite j’ai pu me faire une idée précise de son fonctionnement dans tous ses aspects. Le contexte de son développement a été particulièrement fascinant et beaucoup de parallèles ont pu être faits avec ce que nous envisageons à Belfast. EYE a joué un rôle important dans la régénération d’une zone délabrée d’Amsterdam, ce qui est très pertinent en relation avec Belfast, où de grandes zones du centre sont en train d’être rénovées, le développement des espaces culturels jouant un rôle important dans ce contexte.
Je me suis rendu compte que nous avons les mêmes défis dans plusieurs domaines, en ce qui concerne le développement des nouveaux publics (notamment les jeunes), la programmation et, plus que tout, la pérennisation du soutien du gouvernement pour le cinéma en tant qu’art et moteur économique. Ce sont les difficultés universelles du secteur du film. Echanger sur ces problèmes avec nos confrères européens ne peut qu’être bénéfique pour tous.
Fonctionnement du bâtiment
En plus de m'intéresser à son organisation, j’ai passé beaucoup de temps à comprendre comment le bâtiment fonctionne, comment les visiteurs interagissent avec les espaces. EYE a environ 700 000 visiteurs par an (lors de ma venue, il y avait toujours du monde). La programmation régulière ainsi que les événements spéciaux sont audacieux et stimulants. EYE s’est bâti une réputation internationale pour ses programmes d’archives, les projections en 70 mm et la diversité des films - pendant que j’y étais, j’ai visité l’exposition permanente d’archives et j’ai été à plusieurs séances du festival sur la Nouvelle Vague Syrienne. Ces séances étaient à chaque fois suivies de débats avec les réalisateurs et j’ai été impressionnée de voir à quel point le public était passionné, instruit et enthousiasmé par les films qu’il venait de voir.
EYE a également un espace d’exposition et, tandis que je venais de rater l’exposition de Martin Scorsese, j’ai eu la chance d’avoir un aperçu des coulisses de la prochaine exposition qui se montait: Locus: Apichatpong Weerasethakul – Cao Guimarães. De ce que j’ai vu, cela promet d’être impressionnant.
Avant ma visite, j‘espérais que EYE serait un endroit qui pourrait m’inspirer et mes attentes ont été satisfaites. Plus important que la visite en soi, domine le fait d’avoir posé les bases d’une relation proche avec nos amis et collègues d’Amsterdam, qui pourront partager notre expertise et nous donner des conseils.
Susan Picken, Directrice du Queen’s Film Theatre
Septembre 2017
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https://queensfilmtheatre.com/
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