Les actualités

Télécharger: Présentation des chiffres 2021 (PPT)

Chiffres détaillés dans la Network Review #39 (disponible uniquement en anglais)

____________

2021 : une belle résistance, malgré la crise

Le réseau Europa Cinemas / MEDIA fête ses 30 ans en 2022. A l’origine, le réseau comptait 45 cinémas dans 24 grandes villes européennes. Il réunit aujourd’hui 1119 cinémas dans 676 villes. Sa croissance était forte avant le Covid (+ 383 salles en 10 ans, soit + 50%) mais s’est logiquement ralentie pendant les deux années de crise.

A l’image de cette croissance ralentie, 2021 reste pour la fréquentation des salles du réseau soutenu par Europe Créative une année de crise, très proche de 2020, avec une faible croissance des entrées (1,7%). La part de marché des films américains, historiquement basse pour nos salles en 2020, augmente un peu. Les films européens progressent également d’une année sur l’autre pour se rapprocher du niveau le plus fort de ces dernières années. Cette évolution est due notamment à un cinéma national fort dans de nombreux pays du continent. 58,1% de part de marché pour le cinéma européen représente plus de deux fois le chiffre affiché par l’ensemble du marché.

Ainsi, avec des résultats qui dépassent largement les 50% de séances européennes fixés comme objectif à l’origine du réseau en 1992, et grâce au soutien renouvelé de la Commission européenne sur le long terme, les salles Europa Cinemas sont bien aujourd’hui, par leur effort soutenu, le premier marché des auteurs du cinéma européen.

Le come-back des cinéastes européens

En haut de notre classement, on observe cette année le retour de plusieurs grands noms du cinéma européen. La présence à notre top 10 des derniers films de Thomas Vinterberg, Pedro Almodovar, Nanni Moretti, Leos Carax et Paolo Sorrentino, « valeurs sûres » du box-office européen, accompagnés de visages plus ou moins nouveaux (Florian Zeller, Xavier Giannoli, Albert Dupontel, Joachim Trier et Julia Ducournau) propose une affiche similaire à celle des très bonnes années de fréquentation. Certes, les résultats de chaque film sont inférieurs à ce qu’on pourrait espérer sur un marché normal, mais les deux premiers dépassent largement les 700 000 entrées (DRUNK et THE FATHER) et le troisième (MADRES PARALELAS) est proche des 500 000. 

En tête, DRUNK est sur les deux années le phénomène de l’ère Covid et le plus grand succès de Thomas Vinterberg, dont 3 films avaient déjà dépassé le million d’entrées en Europe. Labellisé par le festival de Cannes annulé en 2020, il a fait son chemin sur le long terme, film de la résilience (alcoolisée !), prenant pleinement son envol en 2021. Sa sortie en ligne aux USA fin 2020 ne l’a ainsi pas empêché de poursuivre sa route dans les salles après leur réouverture au printemps 2021. Dans les salles Europa Cinemas, il ajoute 888 000 entrées aux 197 500 de 2020. Au total, 36% de ses entrées sont réalisées dans notre réseau.

DRUNK nous rappelle aussi la force des cinématographies d’Europe du nord, qui proposent régulièrement des œuvres intéressantes aux cinéphiles européens : ce fut le cas cette année pour les norvégiens JULIE EN 12 CHAPITRES et LES INNOCENTS, les danois RIDERS OF JUSTICE et MARGRETE QUEEN OF THE NORTH et le finlandais COMPARTIMENT N°6. L’Islandais LAMB, sorti fin 2021, devrait également bien circuler dans le réseau. La part de marché cumulée des films d’Europe du nord est finalement la deuxième part européenne de notre réseau, supérieure à celle des films britanniques (dont on rappelle qu’ils ne seront plus considérés comme européens en 2022).

Les films français demeurent encore une fois la deuxième part de marché du réseau derrière le cinéma américain et la première pour les films européens. ANNETTE a ainsi, dans notre réseau, réalisé plus de la moitié de ses entrées hors de France, notamment en Espagne, en Pologne, aux Pays-Bas et en République tchèque. TITANE, Palme d’Or surprise de l’année dernière, a de la même manière rapidement trouvé son public à l’étranger (dans le réseau, 60% de ses entrées ont été réalisées hors de France) avec des résultats très intéressants en Belgique, en Allemagne, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas. Le succès de ces deux propositions fortes de cinéma d’auteur sont à noter car on peut penser qu’ils contribuent à renouveler le public dans les salles art et essai.

Innovations et réflexions

Le renouvellement des publics est bien un thème de réflexion cher aux salles du réseau, d’autant plus qu’en ce début d’année 2022 difficile pour la fréquentation, certains déplorent un retour limité en salle des cinquantenaires et plus, public majoritaire des salles art et essai. Cependant, les salles du réseau ont, dans le domaine de l’innovation, de sérieux atouts à faire valoir, de par leur expertise sur le long terme dans la création d’actions pour le jeune public.

Avec le lancement en pleine ère Covid du programme Collaborate to Innovate (2021 puis 2022), Europe Créative et Europa Cinemas visent à soutenir des projets de collaborations entre salles, sur des thématiques allant des programmes de fidélisation marketing à la défense de l’environnement. 15 projets ont été sélectionnés en première année pour un budget total de plus d’1 million d’euros. 

Une étude interne sur les sujets de réflexion partagés avec la Commission européenne démontre d’ailleurs de façon plus large que les cinémas du réseau sont déjà très impliqués sur des thématiques très contemporaines. Ils sont plus de 20% à s’investir dans le domaine du numérique, en premier lieu les séances virtuelles, la coopération avec les plateformes VOD, l’analyse des données et les podcasts. Ils sont près de 60% à avoir mis en œuvre des actions solidaires et inclusives, la première d’entre elles étant la mise en place de tickets solidaires (dans 139 cinémas). Enfin, 42% des salles du réseau s’investissent pour l’environnement, surtout par rapport à la problématique des déplacements dans la ville. 

Les films « verts », une tendance ?

Face à l’urgence climatique, de nombreuses salles se mobilisent et adoptent des pratiques écoresponsables. Ce souci de l’écologie s’inscrit également au sein des programmations, marquées par des films engagés qui tentent d’éveiller les consciences. 

Le Festival de Cannes avait d’ailleurs en juillet 2021 consacré un cycle à cette thématique, qui présentait notamment les futurs succès français LA PANTHERE DES NEIGES (97 000 entrées dans le réseau fin 2021, presque exclusivement en France, avant de nombreuses sorties en Europe en 2022) et BIGGER THAN US (51 000 entrées dans les salles du réseau, en France mais aussi en Belgique).

I AM GRETA est bien sûr un autre film emblématique de ce qui est peut-être une vague dont la thématique touche le public des adolescents et jeunes adultes. En deux ans, le film suédois atteint 78 000 spectateurs dans le réseau (dont 49 000 en 2021) avec des résultats intéressants dans les salles du réseau d’une dizaine de pays, Pays-Bas, Allemagne, Autriche et France en tête.

Succès local

Finissons par une stat qui est plus qu’une anecdote. On parle beaucoup de circulation des films européens, objectif premier des soutiens financiers européens. Mais le succès des salles de cinéma s’enracine bien sûr avant tout au niveau de leur ville, de leur quartier et de leur communauté et elles sont parfois les premiers diffuseurs d’un cinéma très local.

Tel est le cas du documentaire norvégien BERGEN de Frode Fimland. Basé sur des images d’archives d’un siècle de la vie de la deuxième ville de Norvège, il a réalisé environ 25 000 entrées au cinéma Konsertpaleet, soit près d’un habitant sur dix de la ville. Allez voir la bande annonce en ligne, elle est très réussie !

_______

Jean-Baptiste Selliez, avec Nicolas Edmery, Arnaud Duthilleul et Miila Norros

Image: DRUNK

_______