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Pendant mon échange à Saarbrucken (Allemagne), j’ai visité 2 cinémas: Camera Zwo, 6 écrans, et le mono-écran Filmhaus. J’y ai rencontré Anna Reitze, manager du Camera Zwo qui faisait partie avec moi du jury du Label Europa Cinemas en 2018 à Locarno.

Le cinéma que je dirige (Kosovelov Dom Sezana) se trouve dans une petite ville. C’est un centre culturel multidisciplinaire – le seul de la ville - où nous organisons des pièces de théâtre, des concerts, des expositions, entre autres. Nous devons partager l’espace et du côté du cinéma nous arrivons à environ 200-250 séances par an.

Pendant ma visite, le foyer et la caisse du Camera Zwo étaient en rénovation. Camera Zwo a 6 écrans (73, 156, 93, 74, 49 sièges et une toute petite salle de 16 sièges). Durant ma visite, la salle 1 était utilisée de manière temporaire comme un bureau/espace de stockage pour la caisse et les confiseries. Dans mon cinéma, nous ne vendons pas de nourriture ni de boissons et il est défendu de manger ou de boire dans la salle. Nous avons eu une discussion à ce sujet et, de retour dans mon cinéma, j’y pense encore. Comme nous ne sommes pas qu’un cinéma, nous ne pouvons pas faire du pop-corn, principalement à cause de l’odeur. Mais nous pourrions quand même vendre quelques confiseries ou boissons. D’un autre côté, les habitudes des gens ici sont différents et je me demande si nous arriverions à payer un vendeur avec ces revenus supplémentaires. Comme Camera Zwo est privé et ne bénéficie pas du soutien de la municipalité, ces ventes constituent une source importante de recettes.

La salle 6 est idéale pour des fêtes, anniversaires et l’accueil de petits groupes. Anne me disait que cette salle est rarement utilisée pour des séances régulières parce qu’elle est très souvent louée. En plus d’offrir la possibilité aux gens de voir leurs films préférés en privé mais sur un grand écran et avec un son surround, les spectateurs peuvent ramener leur console de jeux et y jouer. Comme nous avons également une petite salle, je me suis demandé comment nous pourrions l’utiliser dans le futur si elle n’était plus réservée par les écoles de danse qui l’occupent la plupart du temps.

Camera Zwo est situé dans un ancien bâtiment qui se trouve dans le centre-ville. Il s’agissait d’un des plus grands cinémas dans le sud-ouest de l’Allemagne, avec plus de 1300 sièges. Les propriétaires ont investi dans ce cinéma en 1970 et l’ont divisé en 3 salles. Le second investissement conséquent a eu lieu dans les années 80 quand l’autre partie du bâtiment a été transformée d’un bar en 3 petites salles. La façon dont l’entrée a été construite ne correspond plus à la vente des tickets online (à cause de l’emplacement de la caisse), c’est une des raisons qui ont mené à la rénovation du foyer. Dans les jours plus calmes, les spectateurs pourront scanner eux-mêmes leurs tickets (imprimés ou avec un code sur leur téléphone). La salle a également besoin de plus d’espace pour vendre des confiseries. Anne m’a dit que cet investissement a été possible grâce à la subvention d’Europa Cinemas.

Le principal objectif qui m’a amené à Camera Zwo était d’améliorer mes compétences en ce qui concerne la programmation et l’accueil des publics. A Camera Zwo (et comme dans la plupart des cinémas en Allemagne) la programmation est établie à la semaine et je voulais en savoir un peu plus sur ce processus. Jusqu’à maintenant, nous faisions notre programmation sur un mois et publions une brochure mensuelle avec tout notre programme, y compris les dates des films. C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas retirer ou ajouter des séances pour les films qui fonctionnent bien ou moins bien.  

Filmhaus (géré par la même société) se trouve à 800m (10 minutes de marche) de Camera Zwo. Le bâtiment est loué à la municipalité et la programmation est faite par Camera Zwo. Environ 30% des spectateurs viennent des villes et petites villes proches ainsi que de la France.

La programmation de ce cinéma est différente, il y a plus d’évènements spéciaux et de films à séance unique suivis de débats. De nombreux festivals (japonais, latino-américain, italien) et une série de conférences liées à la science complètent la programmation générale. La municipalité doit préciser en avance si elle a besoin de la salle et une réunion hebdomadaire avec le responsable de la mairie a lieu afin d’assurer une bonne coordination.

Les deux cinémas partagent le même flyer hebdomadaire, façon rationnelle de disposer des ressources. Une revue est publiée tous les deux mois. Celle-ci présente les films et leur date de sortie mais sans préciser les horaires. Cette revue est financée par les distributeurs qui paient pour que leurs nouveaux films soient sur la couverture ou qu’il y ait de la publicité sur leurs films à l’intérieur. J’ai trouvé cette brochure très jolie, avec un message très clair et un design minimaliste que j’adore (description du film sans information superflue). Suite à nos discussions, je pense changer ma programmation et annoncer au public les films que nous allons projeter sans donner les horaires (juste écrire que le film sera projeté à partir d’une certaine date). Cela m’a également fait réfléchir plus généralement à la programmation. Essayons-nous de montrer trop de films ?

Quand on travaille dans la culture et surtout dans un petit pays comme la Slovénie, les conditions du marché peuvent changer très vite, donc nous devons être préparés et flexibles afin de réagir vite. J’aimerais bien changer notre façon de programmer, peut-être déjà en 2020 et passer à une programmation hebdomadaire. Mais comment informer notre public? Comment en attirer de nouveaux? Comment changer notre communication tout en informant les personnes âgées qui n’utilisent pas internet ? Je crois que tout cela est lié également à notre page internet qui doit être renouvelée.

En plus de publier leur programme dans le journal local et leur brochure hebdomadaire, mes hôtes ont des flyers pour les évènements spéciaux (par exemple les retransmissions du Royal Opera House). Ce que je trouve malin, c’est de mettre sur un coté du flyer l’opéra et sur l’autre un évènement de la salle. Comme nous, ils utilisent de plus en plus les réseaux sociaux, et bien sûr, partout dans le cinéma il y a des posters et des affiches, mais ce que j’envie le plus ce sont les bannières elliptiques en carton. Le cinéma paie en moyenne 10 euros par film à chaque distributeur qui leur fournit tous les éléments de promotion du film. En Slovénie (parce que c’est un petit pays ?), les cinémas d’art et d’essai ne paient pas aux distributeurs des coûts de promotion, mais tout ce que nous avons, ce sont quelques affiches. Les multiplexes reçoivent beaucoup plus de matériaux de promotion. A ma prochaine rencontre avec les distributeurs, je discuterai avec eux pour avoir la même chose.

J’ai également découvert comment un cinéma peut fonctionner avec un système automatique qui ne nécessite pas la présence d’un projectionniste dans la cabine. Au Camera Zwo et au Filmhaus, c’est le serveur qui programme le démarrage automatique du film. Le projectionniste doit aller en cabine seulement s’il y a un bug. Par conséquent il y a une main d’œuvre supplémentaire pour aider en caisse ou vérifier les salles après les séances.

Cet échange a été une très bonne expérience durant laquelle j’ai beaucoup appris. J’ai découvert à quoi rassemble une journée de travail dans un grand cinéma (et qui n’est qu’un cinéma). Cette visite m’a inspiré sur plusieurs aspects comme la communication, la programmation et les ressources humaines. Je voudrais remercier l’équipe de Camera Zwo, spécialement Anne et son chef Michael qui lui a permis de me consacrer du temps, et bien sûr Europa Cinemas qui m’a permis d’effectuer cet échange.

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Nina Ukmar, Kosovelov dom Sežana

Septembre 2019

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Camera Zwo / Filmhaus

Kosovelov dom Sežana