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Au Cinéma L'Archipel à Paris

Yonay Boix

15/09/2019

En arrivant à Paris, ce qui m’a le plus frappé c’est la diversité de l’offre en cinéma, ces films et événements qui ont lieu chaque jour. Je savais que la ville avait une vie culturelle importante mais en faire l’expérience fut accablant. C’est un vrai défi que de réussir à capter l’intérêt d’un public régulier avec tous ces événements.

Au Cinéma L'Archipel à Paris

Quand j’ai pensé à faire un échange dans le cadre du programme d’Europa Cinemas, Paris s’est imposé comme choix. D’une part, très simplement parce que le cinéma Zumzeig a été créé en partie sur le modèle des charmantes salles art et essai parisiennes, qui sont davantage un lieu de rencontre de cinéphiles que des endroits aseptisés ou l’on se contente d’entrer et sortir. Il s’agissait aussi pour nous de traverser la frontière et d’établir des liens avec des institutions et des professionnels étrangers dont nous nous sentons proches, afin de développer et amener des propositions intéressantes à Barcelone, sans intermédiaire. Durant ce séjour à Paris, j’ai eu l’opportunité de rencontrer Théo Deliyannis, du collectif Jeune Cinéma, Pascale Cassagnau du Centre National d’Arts Plastiques (CNAP), Emmanuel Lefrant de Light Cone et Jérôme Brandier du Groupement National des Cinémas de Recherche (GNCR). Et bien sûr j’ai pu rencontrer l’équipe d’Europa Cinemas dans ses bureaux.

J’ai choisi L’Archipel parce que c’est un cinéma qui est semblable et en même temps différent de Zumzeig, dans le sens où nous partageons la même vision de l’exploitation mais avec des méthodes de travail sont différentes. La ligne éditoriale de L’Archipel met en valeur notamment des films indépendants, nationaux et internationaux, en proposant également des films de patrimoine et quelques films à plus grand budget mais de qualité en deuxième ou troisième semaine de sortie. Celle-ci est fondée sur la vision très forte de son unique programmateur Damien Truchot, tandis que nous prenons en commun, en tant que coopérative, toutes les décisions concernant la programmation et les tâches quotidiennes. J’étais aussi curieux parce que l’Archipel est un cinéma historique, tandis que Zumzeig a été créé en 2013. Damien a en outre déjà effectué un échange.

En arrivant à Paris, ce qui m’a le plus frappé c’est la diversité de l’offre en cinéma, ces films et événements qui ont lieu chaque jour. Je savais que la ville avait une vie culturelle importante mais en faire l’expérience fut accablant. C’est un vrai défi que de réussir à capter l’intérêt d’un public régulier avec tous ces événements.  Si le travail de Damien ne peut se faire que dans une ville où il existe un public à la recherche de films particuliers, la compétition est en revanche très féroce !

Durant les 3 jours passés à l’Archipel, j’ai assisté à la séance dédiée aux réalisateurs Sol Suffern-Quirno et Rudolf di Stefano, qui avait lieu dans le cadre du festival Coté Court; à l’avant-première du film RIVER OF GRASS de Kelly Richardt dans sa version restaurée; et finalement à l’avant-première du dernier film de Pascale Bodet, PORTE SANS CLEF. La semaine suivante j’ai eu l’occasion de découvrir le travail de Guy Gilles dans le cadre d’une carte blanche du réalisateur Michaël Dacheux, qui a présenté L’AMOUR A LA MER, séance précédée par une promenade cinéphile dans le quartier.

Ensuite, après ces 3 séances, le vendredi j’ai passé toute une après-midi avec Damien durant lequel j’ai également pu rencontrer le reste de l’équipe (l’Archipel est également un théâtre). Nous avons échangé sur le quotidien de Damien et il m’a exposé les pour et les contre de son travail. Cela a été un soulagement de savoir que nous partageons les mêmes difficultés : une fréquentation très fluctuante (même à Paris) et un accès difficile aux films. Comme il nous arrive également, certains films de distributeurs de taille moyenne ne sont programmés dans la salle qu’en deuxième ou troisième semaine. D’un autre côté, le montant des subventions que l’Archipel reçoit est 3 fois supérieur au nôtre et permet de mieux compenser ses difficultés.

Dans l’ensemble, j’ai trouvé que Damien avait une approche de la programmation très précise et bien pensée. La façon dont il anime les débats est bien différente de la nôtre. Les gens à Paris adorent débattre et échanger, à tel point qu’une discussion peut être aussi longue que le film même. Et Damien n’a pas arrêté le débat avant de s’assurer que tout a été dit.

J’ai également remarqué les petites mais ingénieuses idées de l’Archipel pour fidéliser le public, par exemple avoir un livre d’or dans le hall ou une boîte avec des affiches des films passés que les gens peuvent emporter.

Avant de quitter Paris j’ai également visité le Studio des Ursulines et rencontré son directeur, Florian Deleporte. Comme L’Archipel, le Studio des Ursulines est un projet très personnel dans lequel la vision de Florian est centrale. Le Studio des Ursulines est le seul cinéma art et essai spécialisé dans le jeune public (Florian a insisté sur ce mot au lieu de « pour les enfants »). Nous avons discuté, parmi d’autres sujets, de l’importance des débats après les séances, peu importe l’âge du public, et des moyens d’attirer davantage un public jeune, le cinéma participant notamment au site Benshi.fr

En somme, cette expérience a été très satisfaisante et enrichissante et je suis convaincu qu’elle aura un impact positif sur ma méthode de travail dès la rentrée.

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Yonay Boix, Zumzeig Cinecooperativa

Juin 2019

Crédits photos : Antoine Legond

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L'Archipel

Zumzeig Cinecooperativa