Entretien avec Silvia Protti
Multisala Ariston, Mantoue, Italie
A travers une série d’entretiens avec les exploitants membres de son comité de validation, Europa Cinemas réalise un état des lieux de l’exploitation indépendante en Europe en ces temps de crise.
1 - Tout d'abord, comment allez-vous?
Je vais bien, merci. Bien sûr, les inquiétudes et les questions concernant l'avenir sont nombreuses. Mais, au présent, je suis heureuse de voir ma famille, et moi-même, en bonne santé et que même nos proches touchés par le Coronavirus se soient battus et sont en train de guérir.
2 - Comment gérez-vous cette situation particulière d’un point de vue professionnel ? Actuellement, êtes-vous au travail, vous-même et vos collègues, ou sans activité ?
En ce moment, le cinéma étant notre seule source de revenu et sans soutien public, nous n'avons aucune recette. Nous avons fermé le cinéma dans la soirée du 23 février. Depuis, le personnel qui est en contact avec le public est à la maison, mis à part quelques travaux de maintenance. Les deux premières semaines, les bureaux sont restés pleinement actifs, y compris les personnes chargées de la programmation et de la communication, des événements et de la gestion des activités destinées au jeune public. Toutefois, à partir du 8 mars, avec la fermeture complète des cinémas au niveau national, seuls les deux employés qui gèrent l’administration du Multisala Ariston et de notre autre multiplexe, le Cinecity, sont restés actifs, à temps partiel et en alternant.
Si, auparavant, pour les salariés de notre secteur, le chômage partiel (Cassa Integrazione) n'était pas prévu, il a été désormais mis en place pour l'occasion… pour une durée maximale de 9 semaines qui, compte tenu de la situation actuelle, sera atteinte et dépassée prochainement. Mais ensuite?
3 - Quels projets vous ont paru intéressants pour maintenir une activité et lesquels avez-vous pu mettre en place ?
L'initiative qui a été la plus prise en considération au niveau national, au cours du dernier mois et demi, a été de créer des salles virtuelles et de mettre en place des plateformes, accessibles via les sites web des cinémas, à travers lesquelles les spectateurs peuvent accéder à des films en streaming payant, à l’acte. Cette initiative, qui n'a cependant pas encore été mise en place massivement, à l'exception surtout des quelques cinémas qui sont les distributeurs directs de certains titres, est intéressante, mais en même temps nous la considérons comme dangereuse. Nous voulons continuer à transmettre le cinéma tel que nous le défendons, garder l’idée que la salle de cinéma est le meilleur endroit pour apprécier des films, capable de transmettre des émotions, de laisser vivre le film, de faire entrer le spectateur dans une dimension magique qui ne peut être atteinte par d'autres moyens. Si nous ne pouvons pas le faire maintenant, nous voulons reprendre le plus tôt possible en suivant notre nature. Nous voudrions reprendre notre activité avec les films que le public attendait, mais dont la carrière a été bloquée, et qui ne seront pas encore sortis sur d'autres plateformes.
Nous avons donc préféré, pendant cette période, maintenir un dialogue actif avec le public via Facebook. Nous avons également apprécié et adhéré à la proposition de MUBI, en collaboration avec Europa Cinemas, d'offrir à nos clients la possibilité d'avoir un accès gratuit à la plateforme pendant trois mois. Nous considérons que cette offre ne remplace pas notre salle mais donne à notre public l'opportunité de continuer à profiter d'un cinéma européen de qualité déjà sorti en salle, en attendant d'être à nouveau proposé par nous, les salles.
4 - Pensez-vous que ces nouvelles activités pourraient perdurer après la période de la pandémie ?
Certaines initiatives peuvent perdurer, mais je pense que la plupart des cinémas préféreront reprendre leur activité principale, en intégrant les nouvelles propositions. Certes, un nouveau monde s'ouvrira, un nouveau scénario devra être géré, et nous aurons de nouvelles relations avec la distribution et le public.
5 - Quelle est, en Italie, la réponse de l’Etat et des institutions publiques locales en faveur des salles de cinéma ? Des soutiens financiers existent-ils ou sont-ils en train d’être étudiés ?
Un soutien financier a été annoncé, mais il ne s'est pas encore concrétisé. Au niveau général de l’industrie du spectacle (incluant donc l'ensemble de la chaîne cinématographique, mais aussi le spectacle vivant par exemple), des promesses ont été faites mais demeurent confuses et probablement insuffisantes, à peine adoptables. Au niveau des salles de cinéma, nous ne savons pas encore quelle aide économique sera disponible. Pour le moment, le paiement des impôts et des prêts bancaires a été reporté.
6 - Quelles sont vos plus grandes inquiétudes pour les mois à venir ? Comment voyez-vous la reprise et envisagez-vous une campagne, un événement spécial? Dans votre rapport aux spectateurs, avez-vous des craintes ou au contraire voyez-vous des raisons d’être optimiste ? Comment voyez-vous évoluer les liens avec votre public ?
Notre principale préoccupation est de réussir à avoir un soutien financier qui nous permettra d’assurer un avenir à moyen et long terme. La réouverture nécessitera une campagne de promotion vers le public à l’échelle nationale, mais une campagne coordonnée à un niveau plus large serait encore mieux. Avec des collègues d'autres pays, qui travaillent dans des salles Europa Cinemas, nous avons considéré qu'il serait bien d'organiser une grande fête qui célèbre le cinéma en salle : nous voulons retourner au travail et nous savons que le public nous soutient.
Au cours de cette période de fermeture, il y a eu beaucoup de solidarité, à travers des messages d'affection et d'encouragement de nos spectateurs. Beaucoup d’entre eux ont voulu partager leurs émotions, ce que la sortie en salle représente pour eux, et nous sommes sûrs qu'ils seront les premiers à y retourner. Bien sûr, il y aura beaucoup de peur et ce sera inévitable: deux mois enfermés chez soi, loin de tout et de tout le monde, où nous avons appris à nous tenir loin des autres, à supprimer toute forme de socialité qui ne soit pas en ligne. Au début, cela prendra un certain temps, mais nous espérons que l'amour du public pour le cinéma se manifestera et qu’il sera même renforcé pour certains.
Cette période révolutionne un peu toutes les valeurs et je ne pense pas que le cinéma y perdra. Certes, nous devrons changer beaucoup de choses: pendant de nombreux mois, nous prévoyons l'adoption de nouveaux comportements pour la gestion du public dans les salles, en pleine conformité avec la nouvelle réglementation, car la sécurité pour nous et pour les autres est plus que jamais prioritaire. Mais une fois que nous aurons atteint ce niveau de sécurité, ce sera un plaisir d'oublier le reste en se perdant dans l'obscurité unique d'un cinéma...
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Avril 2020
Sonia Ragone
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1 – Prima di tutto, come stai?
Sto bene, grazie. Ovviamente le preoccupazioni e le domande sul futuro abbondano, ma nel presente sono felice che sia io, che la mia famiglia, siamo sani e che anche le persone a noi care, che sono state colpite dal Coronavirus, hanno combattuto e ne stanno uscendo.
2 – Da un punto di vista professionale, come gestite questa situazione particolare? State lavorando in questo momento, tu e lo staff del cinema? Avete delle entrate economiche?
In questo momento non abbiamo alcuna entrata economica, essendo l’attività di sala cinematografica il nostro unico introito e non essendo supportati a livello pubblico. Abbiamo chiuso il cinema la sera del 23 febbraio, da allora lo staff adibito al lavoro col pubblico è a casa, a parte qualche lavoro di manutenzione. Le prime due settimane gli uffici sono rimasti totalmente attivi, comprese le figure adibite alla programmazione, comunicazione, grafica, organizzazione di eventi e gestione attività rivolte ai giovani, ma a partire dall’8 marzo, con la chiusura completa dei cinema a livello nazionale, sono rimaste attive, part-time e a intervalli alterni, solo le due impiegate che si occupano dell’amministrazione della multisala Ariston e della nostra altra multisala, la multisala Cinecity.
Se prima, per i dipendenti del settore, non era prevista una cassa integrazione straordinaria, ora è stata invece istituita per l’occasione, anche se per una durata massima di 9 settimane, che, vista la situazione attuale, verranno raggiunte e superate a breve. E dopo ?
3 – Quali progetti/iniziative ti sono sembrati interessanti per mantenere attiva l’attività della sala? Avete potuto voi stessi metterne in pratica alcuni?
L’iniziativa di cui si è parlato di più a livello nazionale, nell’ultimo mese e mezzo, è stata quella di creare delle sale digitali, mettere in piedi delle piattaforme, accessibili tramite le pagine web del proprio cinema, tramite cui gli spettatori possono accedere a film in streaming a pagamento. L’iniziativa, che comunque non è stata ancora messa in piedi, ad esclusione di quei pochi cinema che sono diretti distributori di qualche titolo, è interessante, ma allo stesso tempo la vediamo come pericolosa, dato che quello che vogliamo continuare a trasmettere è l’idea di cinema in cui crediamo, ovvero che la sala cinematografica sia il luogo migliore dove fruire i film, capace di trasmettere emozioni, far vivere il film, far entrare in una dimensione magica che con altri mezzi non è raggiungibile. Se ora non possiamo farlo, vogliamo tornare a farlo appena possibile seguendo la natura per cui siamo nati e sarebbe bello farlo anche con i titoli che il pubblico tanto attendeva, ma che poi si sono ritrovati bloccati, senza che questi siano però già usciti su altri mezzi, che ne hanno cambiato il livello di attesa.
Abbiamo dunque preferito, in questo periodo, mantenere attivo il dialogo con il pubblico tramite Facebook. Abbiamo inoltre apprezzato e aderito alla proposta di MUBI, in collaborazione con Europa Cinemas, di offrire ai nostri clienti la possibilità di avere un accesso gratuito per tre mesi alla piattaforma, che vediamo come un’offerta che non va a sostituire la nostra sala, ma che dà al nostro pubblico la possibilità di continuare a fruire di cinema europeo di qualità, che il suo percorso in sala l’ha già fatto, nell’attesa di essere nuovamente noi a proporglielo.
4 – Pensi che queste nuove iniziative dureranno anche dopo la fine dell’emergenza e la riapertura dei cinema?
Qualche iniziativa potrebbe durare, ma credo che la maggior parte dei cinema preferiranno tornare al loro business principale, anche se magari verrà trovata un’integrazione tra le cose. Sicuramente ci si aprirà un nuovo mondo, ci sarà un nuovo scenario da affrontare, che andrà a cambiare i rapporti con la distribuzione e il pubblico.
5 – Qual’é stata in Italia la risposta delle istituzioni pubbliche nazionali e locali in supporto alle sale cinematografiche? Esistono o sono in fase di elaborazione dei sostegni economici per le sale?
Dei sostegni economici sono stati annunciati, ma non sono ancora stati concretizzati. A livello generale dello spettacolo (comprendente quindi tutta la filiera cinematografica, ma anche lo spettacolo dal vivo per esempio) delle promesse sono state fatte, ma ancora confuse e probabilmente non sufficienti, oltre che scarsamente adottabili. A livello specifico della sala cinematografica non sappiamo ancora che impatto economico avranno, al momento sono stati rimandati i pagamenti di tasse e mutui.
6 – Quali sono le vostre più grandi preoccupazioni per i prossimi mesi? Come prevedi la riapertura, state riflettendo ad una campagna, un evento speciale per incoraggiare il pubblico a frequentare di nuovo le sale? Per quanto riguarda le vostre relazioni con il pubblico, avete dei timori o al contrario siete piuttosto ottimisti? Vedete dei possibili cambiamenti nel rapporto con il vostro pubblico?
La più grande preoccupazione è avere un sostegno economico che ci consenta di sperare in un futuro a medio-lungo termine. Alla riapertura sarà necessaria una campagna di incentivazione per il pubblico a livello nazionale, ma sarebbe ancora meglio una campagna coordinata a livello globale. Con alcuni colleghi di altre nazioni, di cinema facenti parte della rete di Europa Cinemas, dicevamo che sarebbe bello organizzare una grande festa che celebri il cinema in sala : abbiamo voglia di tornare a fare il nostro lavoro e sentiamo che anche il pubblico ci è vicino.
In questo periodo c’è stata mostrata tanta solidarietà, tramite messaggi di affetto e incoraggiamento da parte dei clienti. In tanti hanno voluto condividere le loro emozioni, il significato che venire al cinema ha per loro, e siamo certi saranno i primi a farsi vedere. Certo, ci sarà tanta paura e sarà inevitabile : due mesi chiusi in casa, lontani da tutto e da tutti, in cui ci è stato insegnato di distanziarci dagli altri, di azzerare la socialità che non sia online. All’inizio ci vorrà un pò di tempo, ma contiamo che l’amore per il cinema da parte del pubblico si farà sentire e, addirittura, in altri si sarà potenziato.
Questo periodo sta rivoluzionando un po’ tutti i valori e non credo che il cinema ne uscirà perdente. Certamente dovremo cambiare molte cose: prevediamo per molti mesi l’adozione di nuovi stili di comportamento per la gestione del pubblico nelle sale, nel pieno rispetto delle normative, perchè la sicurezza per noi e per gli altri è ora più che mai fondamentale. Ma una volta raggiunta quella sicurezza, sarà un piacere dimenticare il resto perdendosi nel buio unico di una sala cinematografica…
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Sonia Ragone
Aprile 2020
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