Passage Kinos, Leipzig, Allemagne
Kristin Klemann
20 mai 2021
Alors que la réouverture des cinémas se rapproche en Allemagne, Kristin Klemann, historienne de l’art et collaboratrice du cinéma Passage Kinos à Leipzig (membre du réseau Europa Cinemas depuis 2002) évoque ici la stratégie de réouverture de son cinéma à travers les initiatives qui ont marqué cette dernière année et celles qui accompagneront la réouverture.
Avant-première du film SCHWESTERLEIN (MY LITTLE SISTER) en présence des comédiens Nina Hoss et Lars Eidinger le 29 octobre 2020, à la veille du second confinement.
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Tout d’abord, comment allez-vous ?
Fort heureusement, nous-mêmes en tant que cinéma et nos collaborateurs allons bien, tant sur le plan privé que personnel. Nous pouvons, notamment grâce aux aides économiques, non seulement survivre à cette période de confinement, mais aussi payer chaque mois nos salariés étudiants à 75% de leur salaire habituel. Nous pouvons regarder positivement l’avenir et même commencer à mettre en place des plans de rénovation.
Votre réouverture en juillet dernier était assez mémorable, avec notamment un concert Live et des verres de mousseux offerts à tous les spectateurs. Prévoyez-vous une telle relance cette année ?
Absolument ! Lorsque nous aurons une date de réouverture sûre et certaine, nous aimerions mettre fin à cette longue période de fermeture par un coup d'envoi visible et célébrer la réouverture dans un cadre restreint mais plein d’attention !
Votre stratégie de réouverture va-t-elle être différente par rapport à l’année dernière ?
En règle générale, nous ne changerons rien à notre stratégie de réouverture, qui a fait ses preuves l’année dernière. Elle sera cependant adaptée aux restrictions qui seront alors en place.
La période entre les deux confinements a aussi été marquée par la tenue du Queerfilmfestival, qui a connu un certain succès. Comment expliquez-vous le succès de cet évènement dans cette période compliquée ?
Nous ne le savons pas exactement, mais nous pouvons supposer que le Queerfilmfestival s'adresse explicitement aux jeunes, qui ont peut-être moins de préoccupations et de craintes à l'idée d'aller au cinéma qu'un public plus âgé. D’autre part, les films du Queerfilmfestival étaient exclusifs, chose importante, et ne pouvaient être vus qu’au cinéma.
Comment se construit la sélection de ce festival ? Dans quelle mesure prenez-vous part à la sélection et à l’organisation de cette initiative, qui se déroule à l’échelle fédérale ?
La sélection de films a été faite par le distributeur Salzgeber à Berlin avec leurs propres films et nous a été présentée. Nous avons alors décidé de montrer l’ensemble des 12 films dans notre cinéma. Nous avons décidé nous-même du nombre de séances ainsi que des horaires de diffusion, également en fonction du thème du film et en nous mettant d’accord avec le deuxième cinéma qui a pris part à ce festival, à Leipzig. Le distributeur nous a intégrés dans son matériel publicitaire et nous avons conçu notre propre publicité en fonction de la charte graphique du festival. Le distributeur a donc mené la campagne publicitaire nationale et nous avons mené la campagne régionale.
Séance du film «Exhibition on Screen : Frida Kahlo», faisant partie de la série « Kunst trifft Film » (L’art rencontre le cinéma), présentée par Kristin Klemann, historienne de l’art.
Cet évènement était réalisé en partenariat avec de nombreux cinémas allemands. Pensez-vous que la coopération entre exploitants va s’intensifier dans les prochaines années ? Quels avantages en tirez-vous ?
Je ne pense pas qu'il y ait une réponse générale à cette question, mais plutôt que cela dépend beaucoup du sujet et de la situation concurrentielle de chaque lieu concerné. En principe, nous sommes très ouverts à de telles coopérations et collaborations, cela permet de regrouper les synergies, de créer plus d'opportunités et de générer plus de visibilité. Nous pourrions très bien imaginer que de telles coopérations vont s’intensifier, soutenues également par la numérisation et par – peut être en raison du Coronavirus – des relations numériques, indépendamment du lieu, via Zoom, Duo ou d’autres outils similaires.
L’année 2020 a par ailleurs été l’occasion pour vous de diffuser des séries de films sur des thèmes précis, tels que les « Psychoanalyse trifft Film » (La Psychanalyse rencontre le cinéma) et les « Kunst trifft Film » (L’art rencontre le cinéma). Quels sont les résultats de ces séances, qui attirent des catégories très précises de spectateurs ?
Les deux séries de film mentionnées font déjà depuis plusieurs années partie intégrantes de notre programme et bénéficient depuis le début d’une grande popularité. « La Psychanalyse rencontre le cinéma » s’est déroulé avant le premier confinement, en février 2020, alors que personne ne pouvait s’imaginer que les cinémas seraient fermés. L’évènement a fait, comme toujours, salle comble. En revanche, notre évènement « L’art rencontre le cinéma » s’est déroulé le 25 Octobre – juste avant le deuxième confinement et avec de fortes restrictions de capacité (en Saxe, 50%). Comme d'habitude, il a également été très suivi et a fait salle comble.
En plaçant ces films, qui sont souvent des films de répertoire, dans un contexte particulier et en leur donnant un cadre qui s'adresse déjà à un certain groupe cible grâce au nom du cycle, les visiteurs arrivent à la fois à mieux s'orienter sur notre site web, notre dépliant hebdomadaire ou même nos affiches publicitaires.
De façon générale nous observons depuis des années, que notre public apprécie particulièrement ce petit plus, ce bonus à la "représentation du film" proprement dite, et qu'il aime alors particulièrement venir chez nous. Le visiteur ne regarde plus « seulement » le film lui-même, mais bénéficie également d'une introduction au début ou d'une analyse en fin de séance - et tout cela sans supplément de prix.
Nous sommes très heureux de constater que les visiteurs qui ont assisté à un événement de cycle thématique ou spécifique à un genre reviennent très souvent pour d'autres événements de la même série.
En début d’année, vous avez mis en place l’initiative #WirliebenKino, avec laquelle vous appelez vos spectateurs à partager leur expérience dans les salles de cinéma à travers des vidéos, des photos ou tout autre format créatif. Avez-vous réussi à rétablir le lien avec le public grâce à cela ?
L’écho sous forme de contribution de nos visiteurs est malheureusement assez faible pour l’instant. Notre but était avant tout de rétablir le contact et de capter leur intérêt - même au-delà de nos réseaux sociaux - et nous y sommes parvenus.
Nous avons donné des interviews à la radio à propos de cette initiative et des journaux web en ont parlé. Nous avons également reçu des messages de soutien sous forme de likes, d'e-mails et de courrier. Le seuil d’inhibition est probablement trop grand pour que certains prennent part activement à de tels formats, tout comme il semble généralement de plus en plus difficile de susciter des réponses actives sur les réseaux sociaux. Avec ces initiatives seules nous ne serions pas sûrs de rester en contact avec notre public, mais c’était un élément important parmi de nombreux autres, étant délibérément actifs sur Facebook et sur Instagram avec nos propres posts, au moins une ou deux fois par semaine.
Au-delà de l’initiative #WirliebenKino, Le Passage Kinos a également participé le 28 Février 2021 à la campagne nationale « Kino leuchtet. Für dich » (Le cinéma s’illumine pour toi). La campagne consistait à illuminer toutes les devantures des cinémas à l’échelle nationale afin d’attirer l’attention des spectateurs sur la situation des exploitants, mais également de montrer les affiches des films qui seront projetés lors de la réouverture.
Au-delà de l’initiative #WirliebenKino, Le Passage Kinos a également participé le 28 Février 2021 à la campagne nationale « Kino leuchtet. Für dich » (Le cinéma s’illumine pour toi). La campagne consistait à illuminer toutes les devantures des cinémas à l’échelle nationale afin d’attirer l’attention des spectateurs sur la situation des exploitants, mais également de montrer les affiches des films qui seront projetés lors de la réouverture.
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Tristan Celet, mai 2021
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